59°51’ de latitude nord
Les Shetland se situent à 338 Km d’Aberdeen en Ecosse, 360 Km de Bergen en Norvège et 365 Km de Torshavn aux îles Féroé. Autour de Mainland, Yell, Unst et Fetlar, les principales îles, se presse une foule d’île et d’îlots, de rochers, d’écueils, dispersés sur 56 km d’Ouest en est, et 112 du Nord au Sud. Autant que les saisons, le vent rythme la vie des Shetland. Tantôt sec et froid, tantôt humide et doux, il façonne les paysages et les hommes, les animaux et les plantes.
Pays de landes et de tourbe
Ce qui frappe aux Shetland, c’est la nudité des îles, l’horizon à perte de vue. Le vent, l’air salé, le sol acide, le printemps tardif, les moutons, tout s’oppose à la croissance des arbres. Seuls quelques sycomores et sureaux survivent, à l’abri des murets de pierres. Les Shetland, c’est la lande tourbeuse. Paradis des callunes et bruyères, sphaignes et carex, des scirpes et lichens, la lande couvre 53% de l’archipel. Ce tapis végétal reposant un matelas de tourbe croît depuis 5000 ans sur ses propres débris. Dans cette lente accumulation, atteignant 1,5 mètre d’épaisseur moyenne sur l’île de Yell et 6 mètres au fond de quelques vallées, la tourbe se forme et constitue le combustible traditionnel des Shetland.
Là bas, les paysages se ressemblent et se distinguent également, lorsque l’on prend le temps de découvrir chaque île. La tourbe règne en maître, recouverte par une infinie lande à bruyères, criblée de lochs et constellée de moutons. Les Shetlandais préparent d’ailleurs de manière artisanale, durant tout l’été, les briquettes de tourbe qui serviront de combustible pendant le rude hiver.
Les plantes carnivores, les rossolis à feuilles rondes et à feuilles longues, sont les êtres vivants les plus abondants, des millions certainement. Difficile de se mouvoir sur le sol tourbeux sans en écraser ! Pénétrer dans ces terres, désolées et splendides à la fois, avec la lande qui se fait l’écho des nuages bas, jusqu’à atteindre la côte, refuge des phoques à l’allure paresseuse.
Sur la centaine d’îles et d’îlots que compte l’archipel, seule une dizaine d’entre elles sont habitées : Mainland, Yell, Fetlar, Unst pour les principales, Bressay, Whalsay, Out Skerries, Papa Stour, Foula et Fair Isle pour les plus petites. Quelle que soit l’île, il est bien difficile de la sentir rattachée à un quelconque pays. L’archipel a subi une influence notable des Vikings qui l’ont colonisé vers l’an 800. Ces hommes du Nord ont réalisé une exploration minutieuse des lieux et ont baptisé la moindre baie et chaque roc. Autrefois, terres Pictes puis Viking ; aujourd’hui, écossaises mais avec de fortes affinités avec la Norvège et le Danemark, l’archipel des Shetland forme simplement un carrefour, presque oublié, des voyageurs de la mer et du vent.
Fief des vagabonds des océans et des mammifères marins.
Bien avant l’émergence de la mémoire humaine, les oiseaux trouvaient déjà refuge sur ces îles lovées entre la mer du Nord et l’océan Atlantique. Malgré les affres du monde moderne (pêche industrielle, pollutions diverses…), le peuple du vent reste fidèle aux pointes rocheuses des Shetland. Chaque printemps, leurs côtes rocheuses accueillent plusieurs centaines de milliers d’oiseaux de mer. Entre avril et août, ces vagabonds de l’océan regagnent leurs falaises natales pour mener à bien leur reproduction. La conquête d’un maigre espace de roche, l’élevage des poussins, la défense contre les prédateurs assurent une vie de colonie intense et exubérante. Avec un littoral parmi les plus découpés au monde, les Shetland abritent les plus belles colonies d’oiseaux de mer en Europe, dans des décors sauvages à couper le souffle. En outre, la chasse n’étant plus d’actualité dans ces îles, l’homme et la nature entretiennent un lien et une proximité déconcertante. Le visiteur peut, par exemple, assister à quelques mètres seulement, à toute l’activité des macareux moines sans les inquiéter. Plus discrètes, certaines espèces trouvent refuge dans l’immensité des landes, émaillées de lochs de toutes tailles. C’est le domaine du plongeon catmarin, de la bécassine des marais, du chevalier gambette, du courlis corlieu et du cendré, du pluvier doré, du labbe parasite, du grand labbe et du bécasseau variable.
Au total, 67 espèces d’oiseaux se reproduisent dans l’archipel.
Les cétacés s'approchent des côtes shetlandaises comme les marsouins, les dauphins, les globicéphales, les petits rorquals et surtout les orques qui s’observent de plus en plus depuis plusieurs années, patrouillant proche des côtes. Les observations de grandes baleines, rorquals communs et baleines à bosse , sont également de plus en plus fréquentes. L’archipel abrite aussi la plus grande concentration de loutres en Europe. Et celle-ci, contrairement au continent, est diurne et vit en mer. Il n’est donc pas rare de l’observer en marchant le long du rivage à marée basse.