Silence. Dans les plaines enneigées de la région de Québec, rien ne vient troubler la pureté du paysage. Surprise. Perché sur un piquet, un grand oiseau immaculé trône, bec et pattes emmitouflés dans son épais duvet blanc. Emotion. L’oiseau est une chouette harfang ; elle scrute le moindre mouvement de ses grands yeux jaune d’or. Puis, sans le moindre bruit, elle prend son envol et s’abat promptement dans la poudreuse. La belle s’en extirpe avec grâce, un campagnol entre les serres.

Sa répartition géographique

Peut-on imaginer plus harmonieux que cette chouette monochrome, aux mœurs diurnes, dont le plumage se fond parfaitement dans un décor digne des plus beaux contes de Noël ? Rares sont ceux qui ont pu voir l’harfang des neiges – son autre nom – dans son environnement naturel. Durant l’hiver 2005-2006 toutefois, la région de Québec au Canada, a connu un afflux inhabituel de plusieurs dizaines de ces chouettes. Celles-ci étaient cantonnées dans une région agricole facile d’accès et se laissaient approcher sans crainte, pour le plus grand bonheur des observateurs et des photographes. Fichtre ! Ce privilège n’est-il réservé qu’à nos cousins nord-américains ? Eh bien non, la chouette harfang possède une vaste répartition circumpolaire, depuis l’Amérique du Nord jusqu’en Sibérie en passant par le Groenland et l’Eurasie, laissant espérer son apparition sous nos latitudes. Mais ne nous emballons pas : la reine des montagnes enneigées vit au-delà de 60°N et n’est pas une adepte du voyage migratoire. Ses incursions hivernales très fluctuantes sont étroitement liées aux ressources alimentaires disponibles en Arctique. Ses principales proies, le lemming et le campagnol nordique, sont voués à des cycles d’abondance tous les 3 à 4 ans. La chute des effectifs des rongeurs entraîne un exode des rapaces vers le sud pour éviter la famine. Les harfangs scandinaves viennent donc assez régulièrement sur les îles et côtes britanniques, et poussent parfois leur errance jusqu’aux dunes et landes du nord-ouest de la France, ce qui fait à chaque fois la Une de toutes les gazettes naturalistes locales.

Son développement

Aux observateurs bredouilles, il ne reste plus qu’à entreprendre un périlleux voyage vers les terres arctiques, esseulées, là où cette chouette a choisi d’élever sa progéniture. C’est à partir d’avril qu’elle revient dans sa toundra natale. Dans un milieu sans arbres, l’harfang pond à même le sol, sur un monticule tout juste garnie de mousses. Mais il faudra une bonne dose de chance pour localiser un couple car, une fois encore, tout dépend du garde-manger du moment. Trop peu de lemmings ? Notre chouette préférera quitter le secteur pour un autre plus fécond, ou choisir de ne pas nicher du tout. La vie de ce beau rapace est donc régit par la fragile équation entre le nombre de prédateurs et celui des proies. La ponte, de 4 à 12 œufs, varie aussi d’une année sur l’autre selon les ressources alimentaires. Bien souvent en cas de disette, les plus jeunes poussins font les frais de la cruelle sélection naturelle.

Vous avez enfin trouvé un nid ? Maintenant, essayez de repérer les jeunes, de grosses boules brunes qui, dès l’âge de trois semaines, explorent les environs et se tapissent entre les pierres et les lichens. Et surtout, n’oubliez pas de garder une distance respectable car l’harfang défend farouchement son territoire de 1 à 4 km carré. Quelques ornithologues téméraires ont subi le terrible affront de l’harfang dans son lieu de reproduction, jusqu’à perdre connaissance sous la pression de ses redoutables serres. Fin août, les jeunes prennent leur envol et se dispersent. Au final, une famille nombreuse de neuf poussins aura boulotté pas moins de 2000 lemmings !

Vous l’aurez compris, cette chouette n’aime guère quitter les régions – très – froides et passe l’hiver, si les conditions le permettent, dans la nuit polaire (24 heures d’obscurité totale) à affronter pendant de longs mois les tempêtes de neige. Ou bien préfère-t-elle se manifester ostensiblement dans une prairie québécoise, telle une silhouette fantomatique, perchée sur un piquet de clôture, une meule de foin, un arbre… ou même une antenne radio !

Mâle, femelle : quelles différences ?

Des taches à tout âge

C’est la plus belle de toutes : Hedwig, la chouette harfang d’Harry Potter… et c’est un mâle ! Chez l’harfang, Monsieur arbore un plumage d’un blanc pur, ponctué de quelques taches sombres, tandis que Madame revêt une tenue délicatement striées de brun et de noir. L’immature, naturellement rebelle, est taché de toute part. Quel que soit son camouflage, l’harfang en impose : 60 cm de longueur, 1,5 mètre d’envergure et jusqu’à 2,5 kg pour la femelle, plus lourde que le mâle. Elle rivalise ainsi en taille et en poids avec le grand duc d’Europe. D’ailleurs, de récentes analyses génétiques révèlent son lien de parenté avec les grands hiboux du genre Bubo. D’où la modification de son nom latin Nyctea scandiaca (Linnaeus, 1758), en Bubo scandiacus. L’harfang, une chouette un peu hibou !

 

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